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Le 33e congrès du SCFP-Québec – 16 au 19 mai 2023

Le printemps de feu 1972

C’est en 1972 qu’est passé à l’action le tout premier Front commun intersyndical dans le secteur public québécois.

Mélanie Gougeon, conseillère syndicale au SCFP et coordonnatrice pour la FTQ de la négociation du secteur public, nous a fait voyager dans le passé en plénière du congrès mercredi matin. Elle a fait la lecture d’une lettre d’une militante qui a vécu les événements historiques de cette année-là, il y a plus de 50 ans. Voici l’essentiel de ce récit.

L’un des événements-clés qui ont alimenté la convergence du premier Front commun, c’est le lock-out de sept mois des syndicats de la FTQ et de la CSN en front commun en 1971, marqué par une répression particulièrement violente. C’est de là que serait venu le fameux air « Un coup de matraque… » popularisé par Louis Laberge de la FTQ.

En décembre suivant, les trois centrales ont signé l’accord du tout premier Front commun, puis réussi à arracher la négociation en table centrale.

Le 28 mars, comme avertissement au gouvernement, les 210 000 membres du Front commun ont fait 24 heures de grève.

Ensuite, vu l’inaction de la partie gouvernementale, les syndicats ont voté pour la grève générale illimitée,  déclenchée le 11 avril. La mobilisation a été historique, avec des piquets de grève devant les hôpitaux, les écoles et les édifices gouvernementaux.

Le 21 avril, le gouvernement libéral de Robert Bourassa a voté une loi spéciale qui ordonnait le retour au travail à minuit la journée même. Les dirigeants syndicaux avaient recommandé de ne pas respecter cette loi-matraque, le temps de consulter leurs membres quant à la suite des choses. Malheureusement, le temps a manqué pour mener une consultation suffisante, et constatant les risques et les coûts de désobéir à la loi, la mort dans l’âme, à 23 h le 21 avril, les trois leaders ont recommandé le retour au travail.

Trois semaines plus tard, Charbonneau de la CSQ, Laberge de la FTQ et Pepin de la CSN étaient condamnés à un an de prison pour outrage au tribunal. Des dizaines de militantes et militants ont aussi été emprisonnés le 9 mai. Le lendemain, la colère a éclaté sur tout le territoire du Québec, avec notamment des grèves spontanées dans des centaines d’entreprises.

Les négociations ont continué tout l’été. À l’automne, il y a eu entente à la table centrale avec gain sur la revendication de salaire minimum hebdomadaire de 100 $ et la création du RREGOP, le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics.

Un deuxième Front commun en 1976 a débouché sur des hausses de salaire de 43 % sur quatre ans, de même que quatre semaines de vacances par année.

Au troisième Front commun, en 1979, le salaire minimum obtenu a été de 265 $, assorti d’un congé de maternité payé de 20 semaines.

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